prix  de  poésie  du  monde  français  et  francophone
Né à Paris en 1950. Enfance à Paris, en Touraine, en Angleterre. Études de lettres, histoire et histoire de l’art. Une dizaine de recueils de poèmes, principalement aux Éditions Gallimard.

Nombreux livres d’artistes (Alechinsky, Baltazar, Bertemès, Hélénon, Youl etc.). Membre de l’Académie Mallarmé et du P.E.N.-Club. Prix Apollinaire (1989), Prix Max Jacob (1999), Prix Alain Bosquet (2012), Grand Prix de Poésie de l’Académie française (2000) et de la S.G.D.L (2010) pour l’ensemble de son œuvre, Prix Roger Kowalski-Ville de Lyon (2012).

Derniers titres : Son nom secret d’une musique (2008), Le Veilleur amoureux, précédé d’Eucharis, préface de Michel Jarrety, « Poésie/Gallimard » n° 453 (2010), Ce que disent les vents (2012).
Cap Sounion


Mer, roseraie bleue sous le ciel bleu, la terre
s’obscurcit tout autour. Mer palpitante, à peine irisée de vents,
bouclier gris de signes
indéchiffrables, telle est aussi la vie, j'ai tant aimé
la compagnie de sa respiration, les plis des vagues
à la tombée de l’ombre, depuis cette hauteur.
J’ai tant aimé
ici la paix du soir dans la compagnie des rochers
et la beauté veillée dans l’ordre du silence.

Nous prononçons le chant nouveau hors de la vieille langue,
le poème est maintenant présent, aussi dur que les pierres
naissant et renaissant toujours d’une alliance de mots,
présent de ta présence, Eschyle,
la justice naît et renaît dans la nécessité du soir
et la joie neuve et froide du matin.
Avec l’éclat rouillé de la lumière sur les colonnes
d’une loi juste qui résiste. Et notre chant
de tous ses mots résiste en sa saison de mots.

Au-dessus de nos têtes le corps blanc d’un avion,
le trait qu’il inflige au ciel bleu sépare en deux moitiés le monde.
Et la clarté mêle d’ombre au fond de nous le monde.
Le cœur s’embrase et se délecte ou se lamente,
voici le soir,
voici l’apaisement du soir, une confiance, une sérénité,
enfin ragaillardies, vécues ici dans un été sans fin
face au spectacle de la mer, parmi les ruines blanches,
et les hommes du monde vers qui nous retournons. 


Le cerisier


Cerisier blanc, les jours comme ces fleurs fragiles,
le vent les souffle, elles vacillent, tourbillonnent,
la saison fugitive il la dissipe avec ces fins pétales
plus doux que le prépuce ou les paupières.

Tu regardes
ces confetti s’éparpiller dans l’air puis l’herbe
aux taches blanches, la boue mêlée de sable.

Les jouets en bois des vaches immobiles
paissent placidement le vert du mois de mai,
les peupliers dressent droit leurs pinceaux
pour tenter de saisir ce qui demeure et ce qui passe
comme un camion petit là-bas sur la petite route,
agacé d’horizon, trop éloigné pour être un bruit,
trop visible pour gommer sa couleur, mais le temps invisible
le temps et l’absolu
dans le cerisier blanc échangent leur vaillance
ignorant les désirs, paroles, les vains rêves.


Libellule


Le vent hérisse la peau de la rivière.
Pourquoi ce saule comme un pêcheur ? il tient
sa ligne au-dessus de l’eau. Vers l’horizon
les blancs, les lents nuages.

L’ombre se cache dans des trous
de feuillage ou sur les bombements
de la colline, enfin juillet temps solennel
où l’air et la couleur tremblent de vérité.

Ciel ouvert, libre et bleu. Soudain
sur le miroir que sont l’eau et le jour,
la libellule en sa seule aptitude
s’estompe ou vibre d’argent clair.

Chaste, bleue de vitrail, ou broche
sans une étoile et l’environne
l’univers immobile comme
au poème clos, sans un bruit, le secret.


La maison de beauté


Tant de fois servent, servent encore, et maintenant
convois de phrases, vite oubliées. S’il pleut,
le poème est sans toit. Mes mains sont lasses
sur la peau sèche des ardoises. Les voliges dessous,
grises, les clous rouillés, fugue d’ardoises brèves,
le toit se troue.

Comment construire
la maison de beauté. Tu désires si fort
le mot propice, le mot pur, le mot plus éclatant
que le soleil qui heurte sa blessure au carreau sale,
seul survivant dans la serre où nous plantions les graines
dans une odeur trop âcre d’engrais noir, près des outils
anciens, au manche doux, à la lame pesante. Juillet
cri fier du coq au temps fermé de murs.
Et plus que tout, las de cris vains ou d’ornements, j’ai désiré la vérité.

Quel accord susceptible de dire et taire,
de dire et de soustraire
le secret de la vie dans l’énigme du monde,
et cette note longuement, si longuement tenue,
manière bredouillée de proférer sans rien trahir,
sans quoi la voix s’enroue, la voix fragile, témoin de tout.

Citation continue de l’eau pure au-dehors, semblable au temps
qui traverse un gravier de mots, les roule et les éprouve.
L’histoire enjambe d’œuvres le fleuve, il ne revient jamais. Le chêne
médite au chevet de la nuit qui fut la nuit d’étoiles
et dans le jour s’entête à soulever son chant de gloire.


Poèmes inédits, 2012 - 2014


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Membre du jury
Philippe Delaveau
Paris, France


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   Guillaume Apollinaire


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